Livre épuisé
Voilà un livre risqué. Tant par son sujet que par sa composition. Car s'il est vrai que la question du nom propre dans la littérature a été souvent posée par la critique, bien plus rarement le nom a été analysé dans son rapport à la personne même de l'auteur: l'écrivain et ses noms. Ce livre suppose que toute écriture est l'histoire d'un nom. Dans son texte, l'écrivain n'en aura jamais fini de régler ses comptes avec son nom. Il ne s'agit donc nullement d'une poétique du nom propre, ni d'une sémiologie des noms de lieux et de personnes, mais d'une sorte de roman familial de l'onomastique. Les noms de Barbey d'Aurevilly, Barthes, Bloy, Borel, Huysmans, Maupassant, Paulhan nous requièrent à proportion qu'ils agissent dans leur oeuvre. Livre également risqué par son unité, par sa clôture. A son origine, un groupe de travail de l'Université de Lille III dont les membres ont décidé de se consacrer au même sujet et, jusqu'à un certain point, de la même façon, préférant miser sur les recoupements et les rappels que s'abandonner aux charmes de la diversité. Alors qu'il est de bon ton dans une préface d'insister sur la multiplicité et la variété des perspectives ouvertes, ce collectif n'aurait aucun sens sans l'intime complicité entre les textes qui le composent. Même si l'ordre adopté est alphabétique (une liste d'état civil en somme: nom propre oblige), ce livre aura atteint son but si ses différents articles peuvent se lire comme les chapitres, les épisodes d'une même histoire.
Dossier critique
L'Inquisitoire (1962) et Le Libera (1968) de Robert Pinget
Etudes réunies par Dominqiue Viart
Dominique Viart : Pinget L'orpailleur ou : si la parole est folle, je n'y peux rien, p.5
Jean-Claude Lieber et Madeleine Renouard : Le dossier de L'Inquisitoire, p. 17
Madeleine Renouard et Jean-Claude Lieber : L'Inquisitoire, Le Libera : (pré)histoire(s) du texte, p. 31
Patrick Longuet : L’Inquisitoire : feux d’artifice et constellations, p. 45
Marie-Hélène Boblet-Viart : L’Inquigrimoire. Oui ou non répondez?: savoir et obéir, p. 65
Mireille Calle-Gruber : La rumeur, l’écrire, p. 81
Sjef Houppermans Pinget et Beckett?: chutes mortelles, p. 99
Jan Baetens : Le Libera : hier, aujourd’hui, p .111
Frédéric Briot : Le Libera ou les droits de succession, p. 119
Roger-Michel Allemand : Le Puer angelicus dans l’œuvre de Robert Pinget, p. 129
Lectures étrangères
Joëlle Prungnaud : Argol et Gormenghast, ou la mise en écriture du château, p. 141
Etude de la nouvelle
Carole Allamand : A/Lexis. Le silence dans Alexis ou le Traité du vain combat de Marguerite Yourcenar, p. 153