Revue des Sciences Humaines, n°290/avril - juin 2008

Les vies parallèles d'Alexandre Dumas
First Edition

Edited by Charles Grivel

Il y a pléthore, ou alors embonpoint. Visions succédanées, ou alors successives. Des substituts font la chaîne. Mille et quelques personnages, célèbres ou piètres, fantômes assurément tous, des héros grosse pointure, d'Artagnan, Monte-Cristo, Salvador, des bêtes d'appui, chiens, lièvres, fourmis, rhinocéros, singes, toute une peuplade de figurants, « historiques », « biographiques », mais pourtant interchangeables en ce qu'ils... agissent, dispensent et croisent, sur toujours les mêmes schèmes, l'aventure, la performance, l'incroyable « coup » du sort. Emballement du récit. Un trait en dissimule un autre. Tout et tous se pressent au portillon de la demande. La donne. La collection. Le décalque. Les multiples visages de l'Un. Monnayage, démultiplication. La reproduction infinie de l'être qui écrit. Une filiation ininterrompue du moi, de moi, de l'ensemble des circonstances qui l'ont vu naître à celles qui l'ont vu s'échapper par derrière. Alexandre, tous, de père en fils, y compris le serviteur, l'intendant et la bête, à partir du grand capitaine, le grand-père, celui qui est allé planter le sucre aux Antilles : blanc tu pars, noir tu reviens ! Dumas gigogne : tous les offices - amant, père et fils, cuisinier, dramaturge, conférencier, conteur, journaliste, député, propriétaire, copieur et voyageur dans tous les pays possibles à la fois. Mais écrivain de toutes ses mains. Dumas, l'homme simultané. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, comme il dit. Le nègre de ses « nègres » a voulu faire main basse sur toute l'Histoire de France et d'ailleurs. Il sillonne le Caucase, les terres d'Astrakan, les bords du Rhin, Naples, Mannheim et la Suisse et Paris, d'autrefois à aujourd'hui, à cette fin principale. Tous les personnages « historiques » de ses livres sont l'émanation du moi biographique. Le « Dictionnaire Dumas » d'Hamel et Méthé démontre au moins, malgré qu'il en ait, cela. Abondance des « Mémoires » signés Alexandre, qui tous débordent de leur cadre - c'est ce que je lis qui me dévore, la matière échappe à la matière -, mais ne dépassent pourtant pas la moitié de sa vie, car grande est aussi sa réserve. Sur les murs du cabinet de travail, au château d'If, impossible prison, de l'autre côté de l'étang, dans le parc de Monte-Cristo, qu'il fit construire à Marly, chaque moellon porte le nom gravé des principaux héros de l'oeuvre. J'écris au-dedans de mon oeuvre. Je suis l'écriture de chacune de mes parties. Leur nom est l'indice pluriel de ce moi que je multiplie. Dumas compulsif, abondant. De cette oeuvre intempérée, figuratrice de qui lui donna vie, dissipatrice et dissimulatrice, nous entendons explorer, ici, le jeu.


Specifications


Publisher
Presses Universitaires du Septentrion
Imprint
Revue des Sciences Humaines
Title Part
Numéro 290
Edited by
Charles Grivel,
Journal
Revue des Sciences Humaines | n° 290
ISSN
00352195
Language
French
Publisher Category
Septentrion Catalogue > Humanities and the Arts > Literature
Publisher Category
Septentrion Catalogue > Humanities and the Arts
Title First Published
2008

Paperback


Publication Date
17 December 2008
ISBN-13
9782908481648
Extent
Main content page count : 176
Code
1133
List Price
15.00 €
ONIX XML
Version 2.1, Version 3

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Contents


Dossier critique
L'OEUVRE POSTHUME DE THOMAS PILASTER, DU HÉRISSON,
DÉMOLIR NISARD
d'Éric Chevillard
Études réunies par Pascal Riendeau
Avant-propos : Les figures de l'auteur, p. 5
Un inédit d'Éric Chevillard : Un cas de zoolâtrie, p. 7
Pascal Riendeau : Des leurres ou des hommes de paille.
Entretien avec Éric Chevillard
, p. 11
René Audet : « Et si la littérature… ? » Des auteurs en quête d'événement
racontent des histoires littéraires
, p. 23
Olivier Bessard-Banquy : Moi, je, pas tellement. L'autobiographie selon Chevillard, p. 33
Joëlle Papillon : Marges et mutineries. L'OEuvre posthume de Thomas Pilaster, p. 43
Pascal Michelucci : Démolir la métafiction ? L’OEuvre posthume de Thomas Pilaster, p. 55
Bruno Blanckeman : « L’écrivain marche sur le papier » (Une étude du Hérisson), p. 67
Barbara Havercroft et Pascal Riendeau : Les jeux intertextuels d’Éric Chevillard ou comment (faire) Démolir Nisard par lui-même, p. 77
Alain Schaffner : Démolir Nisard. Variations sur la mort de l’auteur, p. 91
Pascal Riendeau : Bibliographie d’Éric Chevillard, p. 101
La revie littéraire
Paul Renard : Marc Chadourne (1895-1975), l’absent, p. 103
Lectures étrangères
Galina Subbotina : L’image du diable dans Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos
et Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov, p. 115
Romans 20-50
James Brydon : « Cette autre guerre qui s’appelle la paix » :
Le Sang des autres de Beauvoir et Les Épées de Nimier, p. 123
Sylvie Thorel-Cailleteau : Georges Perec : la preuve de la poésie par le désastre, p. 135
Romans contemporains
Mélanie Lamarre : « Ici Breughel, il fait très noir : répondez »
Figures de la communication
dans l’oeuvre d’Antoine Volodine
, p. 149
Comptes rendus p. 163