Ni plaidoyer, ni réquisitoire, l'analyse de deux romans (Les Destinées sentimentales, 1934-1936, Vivre à Madère, 1952) s'efforcera de comprendre l'intérêt qu'ils suscitèrent, en leur temps, chez les contemporains de Chardonne ; et de... Lire la suite
Ni plaidoyer, ni réquisitoire, l'analyse de deux romans (Les Destinées sentimentales, 1934-1936, Vivre à Madère, 1952) s'efforcera de comprendre l'intérêt qu'ils suscitèrent, en leur temps, chez les contemporains de Chardonne ; et de mesurer en quoi cet intérêt, par son caractère inactuel, relance et nourrit nos propres questions sur les rapports entre le roman et le réel. Il s’agit d’interroger le jeu des formes (figures narratives, stylistiques, poétiques) à la source existentielle où elles s’abreuvent. Ce romancier s’intéresse à l’intériorité du sujet, au couple, à la vie de l’entreprise ou à celle, plus large encore, de la société. La défaite et l’échec font paraître au grand jour le travail souterrain du mal. Rien de plus urgent que de réagir par un travail d’« analyse » qui marque la liberté et l’ambition du sujet, c'est-à-dire son refus de collaborer au mal pour tenter une réforme de soi et comprendre le monde. S’interrogeant de façon aiguë sur les comportements humains, sur le bien et le mal, sur leur mélange presque inextricable, Chardonne rencontre la question du langage dans son rapport intime à la vérité. Son écriture montre le travail retors du mensonge et de la mauvaise foi. Dans la prose de Chardonne, le discours analytique ne cesse de faire retour sur lui-même ; il invite à s’interroger sur les bonnes (ou les moins bonnes) raisons que chacun se donne pour faire l’usage qu’il fait de sa raison.
Dossier critique
La Grande Beune, Trois Auteurs et Abbés
de Pierre Michon
Études réunies par Laurent Demanze
Laurent Demanze : Territoires de Pierre Michon : introduction, p. 5
Entretien avec Pierre Michon par Dominique Viart
Héritage et filiation, p. 13
Agnès Castiglione : Territoire du mythe : La Grande Beune de Pierre Michon, p. 21
Alexandre Bleau : Le rassemblement des pierres, p. 31
Bruno Blanckeman : Arrière-pays : Trois Auteurs, p. 43
Ivan Farron : Le sceau du père : William Faulkner dans Trois Auteurs, p. 55
François Berquin : « On dirait qu'elle danse », p. 67
Dominique Viart : Chambre(s) d'échos : la parole rapportée chez Pierre Michon, p. 75
Aurélie Adler : Le récit en archipel : Abbés, p. 91
Romans 20-50
Françoise Lioure : Les lectures poétiques de Larbaud, p. 103
Jean-Michel Wittmann : Maurras, Barrès et Bourget dans Les Faux-Monnayeurs :
fonction et enjeux de trois allusions nominatives, p. 117
Lectures étrangères
Sylvie Servoise : « L'Histoire nous saisit » : Le Sursis de Jean-Paul Sartre
et Le Sentier des nids d'araignée d'Italo Calvino, p. 127
La revue littéraire
Catherine Rabier-Darnaudet : Deux inédits de Jean Forton :
pièces archéologiques ou chefs-d'oeuvre ignorés ?, p. 139
Romans contemporains
Jean Kaempfer : Être allant : Maryline Desbiolles, p. 151
Comptes rendus p. 159