Pouvoir au village et révolution

Autour du clocher, l'accès à la mairie passe le plus souvent sous le porche :
- le clocher : centre du village et symbole d'une collectivité qui continue à se vouloir unie,
- la mairie : lieu du pouvoir local, maillon important de l'organisation de l'État et enjeux décisif de l'engagement politique des ruraux en particulier quand se mettent en place les institutions communales,
- le porche : élément architectural distinctif des grosses censes qui jalonnent le paysage artésien.
À la fin du XVIII^e siècle, dans ces censes souvent seigneuriales, vivent et travaillent les fermiers qui emploient des dizaines de personnes. Forts de leur "savoir lire et écrire", les fermiers, lieutenants de village, monopolisent le pouvoir local à la fin de l'Ancien Régime. Loin d'être balayés par les premières élections révolutionnaires, ils sont consacrés par les votes villageois comme maires et membres des municipalités... Au-delà de ruptures révolutionnaires et malgré des moments d'éviction ils s'installent pour longtemps dans la continuité du pouvoir. En révisant au passage quelques idées reçues (domination des propriétaires, passivité politique et "naturel" conservatisme paysans...), ce livre reconstitue les mécanisme qui lient la foule des villageois à la "fermocratie"; l'attribution des places dans l'église, le parrainage des enfants croisent le chantage au travail et la guillotine. À quelques mois du bicentenaire de 1789, la Révolution Française et les racines rurales demeurent des points de passage utiles pour comprendre la France d'Aujourd'hui.