Vie politique, économique et sociale
Les premiers pas de la Grande coalition
Dossier réuni par J. Vaillant
Après celui consacré aux élections du 18 septembre 2005 et à la mise en place de la Grande coalition (AA, No. 174), ce nouveau dossier tente une première approche de la politique que celle-ci a engagée au cours de ses cent premiers jours. Fin février 2006, la Grande coalition profitait aux chrétiens-démocrates qui auraient fait nettement mieux que les sociaux-démocrates s'il y avaient eu des élections : 42 % contre 31 % au SPD, les Verts obtenant 9 % des intentions de vote, le FDP, 8 % et le Parti de gauche, 7 % (ARD-Trend, 24.02.06). Les électeurs jugent la CDU/CSU largement plus compétente que le SPD en politique économique et en politique étrangère, ils la jugent même davantage en mesure de créer des emplois, ils ne jugent le SPD plus compétent qu’en matière d’ « équité sociale » (Infratest dimap, 31.01.06). Ils confirment ainsi le message qu’ils ont envoyé aux partis en septembre dernier. Le succès actuel des chrétiens-démocrates tient pour beaucoup au sans fautes de la chancelière qui a su, par son sympathique franc-parler et un comportement sans artifices, animer, parfois au grand dam des professionnels, la scène internationale et redonner confiance à des Allemands dans le doute ! Alors que pendant la coalition SPD/Verts, les Allemands avaient de la situation de leur pays une perception moins favorable que celle-ci n’était en réalité, c’est aujourd’hui l’inverse qui se produit ! A croire que « l’effet Merkel » les conduits à oblitérer les difficultés du pays : avec 1,45 billion€, la dette publique dépasse, en effet, des records jamais atteints et pour la cinquième année consécutive, le nouveau déficit annuel de l’Etat restera supérieur aux 3 % du BIP tandis que la dette cumulée est en voie de dépasser les 60 % de ce même BIP, seuils fixés par le pacte européen de stabilité. Même la grève des services publics, la première depuis des années, semble ne pas avoir entamé ce renouveau d’optimisme. Aussi bien, un chacun de penser, sans trop y croire : « Pourvu que ça dure ! »
L’article de J. Vaillant sur le nouveau parti de gauche, Linkspartei/PDS, est reporté au prochain numéro, après les élections régionales du 26 mars en Bade-Wurtemberg, Rhénanie-Palatinat et Saxe-Anhalt. Il convient également de prendre du recul par rapport à un parti peu homogène, qui a du mal à trouver la voie de son unité. Au point que la WASG berlinoise a décidé fin février de se présenter aux élections régionales de septembre à Berlin contre Die Linkspartei/PDS, ce qui pourrait coûter à ce nouveau parti de gauche son statut de groupe parlementaire au Bundestag, les deux composantes d’un même parti ne pouvant se présenter sur des listes adverses à des élections. C’est surtout à l’est que la WASG, soucieuse de son autonomie, refuse de faire cause commune avec un parti qui, à ses yeux, ne sert que les intérêts du PDS.