Né en 1927, André Gisselbrecht est décédé le 22 octobre 2006 à Nanterre. Plus qu'un universitaire, ce qu’il a pourtant été avec grandeur et dévouement, il a été un brillant intellectuel qui, s’il a trouvé son ancrage au sein du Parti communiste français, ne lui a pas ménagé ses critiques. Comme germaniste, il a commencé sa carrière universitaire à Nancy, puis à Nantes, avant d’être nommé à « Vincennes », ce centre universitaire expérimental né de mai 1968, auquel il est resté attaché au delà des avatars d’une évolution qui a conduit à son intégration dans l’Université de Paris 8 après s’être dénommé « Vincennes à Saint-Denis ». Spécialiste de Thomas Mann dont il a édité une cinquantaine d’essais inédits portant sur le rapport de l’écrivain au politique, au social, au culturel (« Etre écrivain allemand à notre époque », textes traduits par D. Daun, Paris (Gallimard) 1996), il a contribué également à faire connaître Brecht en France, plus particulièrement son théâtre qu’il a traduit et publié chez l’Arche, avec d’autres germanistes dont il était proche, tel Gilbert Badia, mais aussi avec Philippe Ivernel. Mais c’est peut-être plus encore dans le débat d’idées qu’il a donné le meilleur de lui-même, dans des articles publiés dans « France nouvelle », « Recherches internationales » et plus particulièrement dans la « Nouvelle critique » quand il en était rédacteur en chef adjoint, se prononçant pour un socialisme émancipé des errements staliniens sans renoncer pour autant à l’essentiel de ce qui restait, à ses yeux, les grands acquis du marxisme. Sa pensée intellectuelle, esthétique et morale l’a conduit vers Lukacs et Gramsci. Toujours curieux des évolutions de la société française, il a signé en 1990 l’appel des 250, « Ras l’front », pour mettre en garde contre la montée en puissance du Front national. Collaborateur des premières années d’ « Allemagne d’aujourd’hui », il a été membre du comité de rédaction, puis membre de son comité de patronage, un titre qui lui tenait à cœur.

« Allemagne d’aujourd’hui » présente à sa compagne et à ses proches ses sincères condoléances.