Dans les tragédies grecques, le savoir est souvent dangereux. L'universalité de leurs héros et la richesse des réécritures qu’ils ont inspirées tiennent en partie à leur capacité à incarner l’ambivalence d’une connaissance vitale et destructrice. La tragédie grecque est par nature un lieu privilégié de mise en œuvre des conflits intérieurs et extérieurs suscités par le savoir : nombre de ses héros sont confrontés aux risques de leur propre connaissance, susceptible d’apporter à son détenteur, mais aussi aux siens, à la cité, à l’humanité, voire à l’univers entier, la prospérité, la puissance, la renommée, mais aussi la destruction, le malheur, l’opprobre. Le plus souvent, c’est l’usage du savoir qui est en jeu, quand il est détourné, voire perverti, ou quand, paradoxalement, aucun usage n’est fait d’une connaissance dont la révélation suscite incrédulité et violence. Mais parfois, c’est aussi le fait même de savoir qui est en soi dangereux, soit qu’accède à la connaissance quelqu’un qui ne devrait pas y accéder, soit que cette connaissance soit inacceptable pour les dieux. Ce livre vise à définir la spécificité de l’écriture tragique dans l’articulation entre savoir et danger. Cette réflexion, enracinée dans les textes d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, s’ouvre aussi aux remodelages littéraires qui, de l’Antiquité jusqu’à nos jours, ont infléchi, métamorphosé, décalé, voire inversé les configurations symboliques et narratives héritées du ve siècle avant J.-C.
Dossier critique
Le Mont Damion et La Tribu Bécaille d'André Dhôtel
Études réunies par Marie-Hélène Boblet et Philippe Blondeau
Audrey Camus : Haute-enfance : le pays fabuleux d'André Dhôtel, p.7
Danielle Marcoin : Image et intrigue romanesque dans Le Mont Damion, p. 19
Christine Dupouy : Poétique des lieux dans Le Mont Damion, p. 29
Édith Perry : L'animalité dans Le Mont Damion, p. 45
Isabelle-Rachel Casta : L'amour et l’amitié : les deux visages de l’Autre…, p. 57
Philippe Blondeau : Hasards et nécessité de l’écriture dans La Tribu Bécaille, p. 67
Marie-Hélène Boblet : La Tribu Bécaille : un roman pour « mille romans », p. 79
Patrick Antoniol : Une saga ardennaise impossible à écrire, p. 95
Francis Marcoin : N’être rien : entre nullité et sainteté, p. 111
Romans 20-50
Philippe Chardin : Jalousie des animaux et animalité de la jalousie : belle et bête jalouses dans La Chatte de Colette, p. 123
Romanciers méconnus
Paul Renard : Roland Cailleux (1908-1980) : la connaissance et la parole, p. 133
Lectures étrangères
Gabrielle Napoli : Poétiques du témoignage : le retour spectral de l’Histoire
comme condition éthique du récit, p. 141
Littérature contemporaine
Fanny Huvelle, « Rendre visite à une amie » ou les visitations de Marie NDiaye, p. 155