Ce livre n'est pas un manifeste scientifique en faveur d’un paradigme ou d’une sous-discipline, mais le compte-rendu final d’une série de manifestations scientifiques ayant porté sur une manière de faire des sciences sociales en science politique depuis une vingtaine d’années. En invitant quelques chercheurs à présenter leurs pratiques de recherche à la fois sous l’angle de la délimitation d’un terrain d’enquête et sous celui de la mobilisation de méthodes d’analyse, on espère montrer par l’exemple la diversité et l’étendue de l’approche socio-historique.
Contrastées dans leurs objets comme dans leur labellisation, les contributions réunies ici n’en partagent pas moins un certain « air de famille » : démarche inductive plutôt que déductive ; recours privilégié à des sources de première main et attention particulière à leur critique méthodique et à leur mise en série ; interprétation en termes de processus pour expliquer le présent, reconstituer le passé dans son déroulement, et mettre au jour les possibles non advenus ; volonté de restituer le plus finement possible les pratiques des acteurs, eux-mêmes socialement et historiquement situés, autant que leurs discours et leurs représentations. S’il fallait ainsi qualifier l’approche socio-historique illustrée dans cet ouvrage, on dirait volontiers que son penchant la porte à la fois vers la reconstitution des logiques de construction des institutions, au sens anthropologique du terme, et vers l’investigation du rapport des individus (acteurs, agents...) à ces mêmes institutions.
INTRODUCTION
François BUTON et Nicolas MARIOT
Surmonter la distance. Ce que la socio-histoire doit aux sciences sociales
CHAP. 2
François BUTON
Portrait du politiste en socio-historien : la « socio-histoire » dans les sciences politiques
CHAP. 3
Gilles LAFERTÉ
L'ethnographie historique ou le programme d'unification des sciences sociales reçu en heritage
CHAP. 4
Renaud PAYRE
Les institutionnalisations improbables. Une sociologie historique prospective des sciences de gouvernement
CHAP. 5
Julian MISCHI
Faire la socio-histoire d'une institution « en crise ». Enjeux et techniques d’une socio-genèse du déclin du PCF
CHAP. 6
Rémi LEFEBVRE
Les défis méthodologiques de la sociologie historique des rôles politiques. Le cas du maire socialiste à Roubaix
CHAP. 7
Antonin COHEN
Le « jour où l’Europe est née ». Socio-histoire d’une décision politique
CHAP. 8
Nicolas MARIOT
Le paradoxe acclamatif, ou pourquoi la liesse n’a pas de toute première fois
CONCLUSION
Gilles POLLET
Nul ne sait de quoi le passé sera fait