Un « impôt sur les imbéciles », une « friponnerie », un « jeu cruel », un « fléau inventé par le despotisme »… Les hommes des Lumières n'avaient pas de mots assez durs pour dénoncer la loterie royale, une institution que tous les Etats européens ont mis sur pied au XVIIIe siècle. Les souverains encourageaient donc la passion du jeu, l'oisiveté... Lire la suite
Un « impôt sur les imbéciles », une « friponnerie », un « jeu cruel », un « fléau inventé par le despotisme »… Les hommes des Lumières n'avaient pas de mots assez durs pour dénoncer la loterie royale, une institution que tous les États européens ont mis sur pied au XVIIIe siècle. Les souverains encourageaient donc la passion du jeu, l’oisiveté, et captaient sans vergogne l’épargne de leurs sujets ? Faire croire que l’on gagne, tandis que l’on perd toujours, n’était-ce pas le propre d’un État corrompu ?
Ou bien doit-on plutôt considérer la loterie royale comme un outil d’ingénierie financière, le fruit d’une nouvelle rationalité publique ? La loterie est incompatible avec le secret de la finance, encore défendu par les doctrines absolutismes du pouvoir. Son succès s’appuie nécessairement sur les gazettes, la publicité, la transparence, tant de la roue de la fortune hissée sur une estrade, que des comptes, car tout soupçon de fraude doit être écarté. Pour la première fois, l’État s’expose à ne pas perdre la confiance du public. Les « calculateurs », — des plus savants, comme d’Alembert ou Condorcet, aux plus aventuriers comme le jacobite John Glover ou le vénitien Giacomo Casanova —, proposent des méthodes de gains qui garantissent un revenu permanent, tandis que la croissance du XVIIIe siècle permet le développement de l’épargne populaire. Voici donc que le hasard, combiné à l’abondance, génère un revenu public, un fonds de trésorerie que tous les souverains convoitent.
Remerciements
Introduction
Chapitre 1 : L'élargissement continu de la demande (1700-1830)
Une consommation populaire limitée mais changeante
Dépenses nobiliaires et renouvellement vestimentaire
L’accumulation des produits textiles dans les inventaires
Le coton dans les inventaires
De la rareté à l’omniprésence : les étapes de la diffusion du coton
Une matière qui se dévoile sous des formes de plus en plus variées
Chapitre 2 : L’apparition des « toiles mélangées » (1700-1760)
Le mercantilisme à l’épreuve du développement de l’industrie cotonnière
L’influence du commerce des toiles de coton sur la région
La fabrication des toiles de coton sur le territoire national
Le développement de l’industrie cotonnière dans la région
Chapitre 3 : L’essor des cotonnades (1760-1790)
Essor et diffusion des productions déjà existantes
La production de nouvelles toiles
Les activités d’amont
La filature de coton dans la deuxième moitié du siècle
Chapitre 4 : Les promoteurs de cette greffe industrielle (1700-1790)
Le cadre traditionnel : corporations et plat pays
Le transfert des hommes et des techniques
Les indienneries
Chapitre 5 : Tout un éventail de produits nouveaux (1790-1830)
La fin de l’Ancien Régime : un tournant pour l’industrie textile
Du nankin aux « articles de Roubaix » : des fabricants innovants
L’évolution de l’indiennage dans le département 1790-1830
L’essor de la fabrique des calicots
Le développement de l’industrie du tulle
Chapitre 6 : La mécanisation de la filature (1790-1820)
La première mécanisation de la filature
La mécanisation générale de la filature
Les phases de l’essor de la filature de coton
Chapitre 7 : Le foisonnement des initiatives entrepreneuriales (1790-1830)
Fabricants et fabriques de coton à la petite mécanique
Entreprendre au temps de la grande mécanique
Le financement des entreprises : des exigences nouvelles
Entreprendre : une aventure individuelle ?
Inscrire l’entreprise dans la durée
Conclusion
Sources et bibliographie
Table des cartes, tableaux, graphique et illustrations